Quelque chose se cache derrière Halloween. Là, dans l’ombre des temps celtiques oubliés, se tapit la vraie signification de cette fête durant laquelle on perpétue des rituels, transformer des citrouilles, se déguiser ou extorquer des bonbons aux voisins sous la menace, parce qu’ils sont une bonne occasion de faire la fête.
Mais la fête de quoi ? Halloween tire son nom d’“all hallows’ eve” ou “all hallows’ evening”, c’est-à-dire la veille du jour des morts. Le jour des morts, « All Saints’ Day » dans les pays anglo-saxons ou « el Día de los Muertos » en Amérique du Sud, a lieu le 1er novembre. Ce jour marque une période de changement de saison – fin de l’été-début de l’automne – et s’accompagne dans certaines croyances d’un passage spirituel.
Les Celtes, pour qui l’année commence aussi le 1er novembre par la fête de Samain, une célébration de la fin de l’été, étaient persuadés que la veille, la nuit du 31 donc, le monde des dieux apparaissait aux hommes avec ses hordes d’esprits, ses légions de fantômes et de défunts qui retournaient hanter leur demeure passée. Pour les tenir à l’écart, ils se faisaient plus laids qu’eux.
De ces rituels ancestraux n’ont été conservés que les déguisements affreux dont les fêtards s’affublent lors d’Halloween dans l’espoir de vous faire peur, à vous plus qu’aux esprits… Durant cette nuit, malgré la protection des druides, les familles celtes laissaient quand même dans leur maison des offrandes aux esprits revenants, pour éviter toute mauvaise surprise.
Ce dernier rituel a été conservé lorsque, Rome dominant la Grande-Bretagne, Halloween s’est confondu avec la fête des récoltes. Puis devenue tradition dans les pays chrétiens encore influencés par les rites païens, la fête d’Halloween débarque aux Etats-Unis en même temps que les immigrants irlandais.
Un premier pas vers la mondialisation et Halloween se globalise (Canada, Europe et même Japon), exportée dans le monde entier dans sa version commerciale américaine.
Et voilà pourquoi les enfants du quartier, qui perpétuent ce racket à la place des mort-vivants sans le savoir, viennent sonner à votre porte, déguisés en fantôme, monstres, ou sorciers, et réclament des friandises ou sinon… « Trick or treat », une sucrerie ou une farce, comme ils ont coutume de dire.
Malheureux, s’écrient à chaque mois d’octobre, les lobbies religieux de tous bords, chrétiens, juifs, musulmans ou protestants, qui pourchassent le mal jusque dans les citrouilles. Fêter Halloween c’est à leur yeux rendre un hommage païen au dieu des morts (donc au diable) et à tous ses suivants diaboliques, c’est glisser sur la pente du satanisme.
Les plus convaincus de leur bonne foi militent pour l’interdiction de la fête, même si, pour bien des familles occidentales, Halloween est aussi vide de spiritualité que Pâques-tout-en-chocolat ou Noël, son sapin et ses cadeaux.
Bonbons au cyanure, pommes d’amour farcies de lames de rasoirs et autres « tricks », mauvaises plaisanteries, qui finissent en homicide, arrêtons d’envoyer nos enfants au massacre plaident certaines associations de parents.
C’est bien une véritable psychose qui s’empare de certaines villes américaines la veille d’Halloween, tous les faits divers montés en épingle alimentant de vieilles craintes sous-jacentes à la fête. Plus réel, le climat d’anarchie qui règne dans les rues (tout le monde est déguisé et les enfants mènent la danse) est ressenti comme inquiétant, voire dangereux. Un attorney général de l’état du Nebraska proposait ainsi d’interdire la pratique du « trick or treat » parce qu’ « on ne peut simplement pas autoriser l’effondrement des valeurs sociales une fois l’an, à cause d’un jour de fête ».
A ses côtés dans le camp des adversaires, mais moins radicales, les associations de vétérinaires et de défense des animaux protestent contre les traitements infligés aux compagnons à quatre pattes des enfants, souvent martyrisés cette nuit-là, et reportent les adoptions de chat noir au lendemain d’Halloween, pour éviter les sacrifices.
Sur le vieux continent, on s’inquiète de l’adoption des aspects essentiellement commerciaux de cette fête, célébrée principalement par les populations aisées. Phénomène douloureusement ressenti en Amérique du Nord où plus qu’ailleurs Halloween marque des différences sociales dans la rue, dans les quartiers et jusque dans les écoles.
Un proviseur d’une école de l’Ohio décidait en 1998 d’interdire la parade d’Halloween des élèves. Certains enfants étaient venus sans costumes, une aide scolaire bénévole de l’établissement a alors pris des sacs en papier marron, elle a découpé des yeux et une bouche, afin de les déguiser. Mais ils ont été la risée des autres enfants parce qu’ils n’avaient pas un costume cher, ou à la mode.
Une valeur commerciale sûre … Renifleurs de tendances et découvreurs de concepts le clament haut et fort : la fête, ça se consomme. Après Noël, Saint-Valentin ou Pâques, Halloween est devenue depuis 1995 une marque déposée en Europe, consécration d’une fête qui marche et se vend sous toutes les formes possibles en Amérique du nord.
On ne s’étonne plus des flambées du prix de la citrouille sur les marchés parisiens quand les Américains dépensent en moyenne plus d’un milliard de dollars en costumes, décorations et sorties dans les parcs d’attractions.
En plus de ces articles de fête classiques, tous les produits de consommation courante estampillés Halloween sont bons à vendre. Editions spéciales ou collections, les grandes marques s’en donnent à cœur joie et n’hésitent pas à sortir dès la fin du mois de septembre le fromage, la montre ou la bière qui fera mouche en octobre.
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