Trois semaines au Chili, à cheval sur août et septembre – la fin de l’hiver austral.
Un séjour bien trop court, mais qui m’a fascinée et dont voici quelques aspects qui pourront donner à d’autres l’envie d’y aller.
La société chilienne est marquée à la fois par un libéralisme économique ultra développé – tout est privé, les compagnies de bus locaux en particulier, d’où le nombre et la rapidité des micros, qui font leur chiffre au nombre de passagers pris en charge dans la journée… –, et par des mœurs que l’on pourrait qualifier de moins libérales, comparées à nos sociétés européennes.
C’est ainsi que le divorce n’existe pas dans la loi. Le concubinage commence à se développer, mais il est peu fréquent. L’avortement est illégal, et il n’est pas rare de voir dans la rue de très jeunes filles portant des bébés.
Il n’est pas question pour les jeunes de chercher à travailler dans le secteur public, qui jouit d’une image peu séduisante. L’hôpital public, par exemple, où il faut s’assurer que la seringue que l’on vous tend n’a pas servi trois fois auparavant, contraste du tout au tout avec les hôpitaux privés.
La concurrence fait rage entre les compagnies de bus ou de téléphones, d’où des prix peu élevés : on peut traverser le pays en bus pour environ cinq fois moins cher qu’en avion !
Sous ses allures de district banalement moderne et fonctionnel, le business center de Santiago recèle des pratiques qui nous feraient plutôt bondir à Paris.
Des rues à angles droits, de multiples galeries marchandes au pied des immeubles récents, des vitrines sans surprise, banques, agences de voyages, magasins de disques, vêtements, pharmacies… jusqu’à s’arrêter brusquement sur un autre type de commerce : un bar dont le zinc se réduit à une simple planche, pour laisser apparaître les jambes des serveuses, hissées sur des talons de 20 cm et vêtues de la minijupe la plus minimaliste qui soit.
Public de ce spectacle affligeant – outre le touriste abasourdi : une armée d’hommes d’affaires, discutant tranquillement autour d’un café, proprement vêtus de costumes gris et d’honnêtes cravates.
On ne tarde pas à découvrir que sous le moindre néon ou panneau « cafe », se trouve l’un de ces « cafes con piedras », littéralement « cafés avec des jambes ». Complètement surréaliste, de quoi douter de la pudeur que l’on ressentait par ailleurs chez les Chiliens ; mais surtout, de quoi illustrer les fondements d’un machisme bel et bien présent…
Comme les Anglais, les Chiliens sont adeptes du petit en-cas des onze heures du matin, à défaut d’un vrai petit-déjeuner, et en attendant le principal repas de la journée, le copieux déjeuner servi généralement vers 14h.
Le pain est pourtant sublime, de quoi rivaliser avec la baguette française. Simplement, il n’y en a que 3 ou 4 variétés, tandis que les en-cas sont autant d’innombrables tentations…
Spécialité particulièrement redoutable, le manjar (confiture de lait), que l’on retrouve sous toutes ses formes, bonbons, chocolats, madeleines, ou même à la petite cuillère… Partout les petits kiosques à journaux proposent des sucreries, et de nombreux vendeurs ambulants parcourent également les rues – et les bus, dans lesquels ils montent, au feu rouge, proposer leur marchandise – avec des assortiments de barres chocolatées, biscuits aux fruits secs et autres goyaves séchées.
Le déjeuner, lui, se compose habituellement d’une soupe, suivie d’un plat à base de viande ou de poisson servis avec des pommes de terre ou du riz, et d’un dessert léger, type glace ou crème renversée. Les desserts « sérieux » se prennent plutôt dans les pâtisseries ou les salons de thé : énormes assemblages de crème, de manjar, de gélatine, assez baroques d’aspects et non moins plaisants à la dégustation…
Cet article vous a plu ?
Ecriture
Pertinence
Donnez une Note ...